La Vénus d'Ille (2001) - Prosper Mérimée

L'auteur : 

Paris 1803 Cannes 1870.
Prosper Mérimée est surtout connu pour la fameuse dictée infaisable qui lui est attribuée et pour la Carmen qui fut adaptée à l'Opéra par Bizet.
Erudit ami de la famille de Montijo, il devient par la grâce de l'impératrice Eugénie un des grand intellectuel du second empire. Passionné de littérature et de théâtre, premier traducteur de Pouchkine et de gogol, inspecteur général des monuments historiques, Mérimée est paradoxalement connu aujourd'hui pour ses nouvelles Colomba, Matéo Falcone, La Vénus d'Ille.

Le masque de l'écrivain :

Son ami Tourgueniev disait de lui: "Il vivait masqué."
La devise de Mérimée était : "Souviens toi de te méfier".
Dans ma Vénus d'Ille nous avons décidé de voir derrière le narrateur l'historien Mérimée lui-même. Il est aisé de découvrir sous le masque de tous les personnages de la nouvelle des personnes rencontrées par Mérimée lors de son voyage en Périgord.
Il est bien cet érudit, ce dandy Parisien, cet homme jeune si sensible à la beauté de la jeune Melle de Puygarrig.
C'est bien Mérimée qui va faire surgir, comme d'une caisse de magicien, les différents personnages de ce drame.

Le signe de Vénus :

Mérimée fut un Vénusien, célibataire il eut quelques duels de jeunesse pour des affaires de cœur. C'est en mémoire d'un amour d'enfance dit-on, qu'il connut la prison. Vénus déesse de l'amour devait forcément l'inspirer.
La statue d'Ille n'a jamais existé. Elle tient à la fois d'une Bretonne et d'une Arlésienne. Mais elle est avant tout la déesse vers qui tous les regards se tournent, à la fois désirable et maléfique, statue et femme, amour et mort.

Le fantastique :

La nouvelle est l'une des plus fameuse illustration du genre fantastique.
Le surgissement de l'Antiquité dans le monde présent, l'irruption du divin dans la matière, la collision du métal froid et de la vie créent l'atmosphère fantastique dont la résolution ne s'accomplira que dans la fusion de l'amour et de la mort .

Une énigme policière :

Le dénouement de la nouvelle contient l'énigme de base de l'aventure policière du 19ème siècle. Entre Le double crime de la rue Morgue, et le Mystère de la chambre jaune: un homme est découvert mort dans sa chambre au matin de ses noces.
Qui est le meurtrier? On hésite entre trois scenarii possibles :
Le muletier Aragonais pour venger la partie de Paume perdue.
La jeune épouse, témoin unique du meurtre, "si belle et si pure abandonnée à un ivrogne brutal."
La statue elle-même fiancée fortuite et jalouse d'Alphonse de Peyrehorade.

La mise en scène :

Nous avons choisi, comme dans toutes nos adaptations de textes narratifs, de jouer la totalité des dialogues originaux. La partie "récit" a été partiellement gardée et transcrite dans le jeu d'acteurs.L'opposition entre réel et surnaturel est la problématique principale de notre adaptation. Côté réel, le narrateur fait surgir de sa mémoire les protagonistes de l'aventure vécue dont il se souvient. Côté surnaturel, la statue occupe la totalité de l'espace et de la temporalité dramaturgique. D'elle procèdent deux avatars : la vengeance (l'Aragonais) et la pureté (Mlle de Puygarrig). Ces deux personnages n'apparaissent pas comme les marionnettes du souvenir, mais comme les facettes de la divinité.

Comédiens : Sandra Nature, Blandine Antoine, Landry Mauborgne

Décor : Greg Fougereu, Valérie Daval

Mise en scène : Blandine Antoine